Originaire de Haute-Saône, Eugène Laurent étudie la sculpture sous la direction de Théodore Coinchon (1814-1881) et de Duret (1804-1865) à Paris. Il expose régulièrement au Salon des Artistes Français de 1861 à 1893. Connu pour ses sujets classiques et ses portraits de célébrités,
il a notamment réalisé deux importantes commandes publiques : la statue de Jacques Callot à Nancy en 1877 et celle de François Boucher pour l’hôtel de ville de Paris en 1881. Parmi ces oeuvres, plusieurs ont été éditées en bronze dont une statuette de Jeanne d’Arc ainsi que des figures féminines (pêcheuse, fileuse), preuve de la renommée de l'artiste. Cette statue en régule figurant "Le Cid" - titre inscrit sur la margelle - est inédite. Le personnage est assis, la tête penchée sur son épée, vêtu d’un surcot court sans manche serré à la taille sur un haubert en maille. Il porte également un mantel couvrant ses épaules, un casque surmonté d’une plume, des trumelières recouvrant ses jambes et des chausses en maille avec éperons.
Le sujet renvoie à la célèbre tragi-comédie de Pierre Corneille jouée pour la première fois au théâtre du Marais le 7 janvier 1637. Représentée plus de 1200 fois, cette pièce entre au répertoire de la Comédie Française dès la création de celle-ci en 1680. Le Cid est le surnom de guerre donné au jeune Rodrigue, protagoniste de la pièce. Pierre Corneille s’inspire du héros castillan Rodrigo Diaz de Vivar, dit El Cid Campeador, chevalier espagnol du XIe siècle.
Plusieurs représentations du personnage de Rodrigue figurent dans les éditions des œuvres complètes de Pierre Corneille au XIXe siècle, parfois dans le costume d’un chevalier du Moyen-âge, d’autres fois revêtant les habits d’un gentilhomme du XVIIe siècle. Cette statuette est à rapprocher d’une gravure de Colin d’après un dessin de Geffroy. Les attributs guerriers, les vêtements et le lion sur le surcot sont identiques dans les deux œuvres.
Cette sculpture rejoindra prochainement le musée Pierre Corneille à Petit-Couronne. Elle viendra enrichir le nouveau parcours muséographique du musée qui consacre une section à cette œuvre majeure du répertoire cornélien.